THE BEAST
Avant d'envoyer Kevin Costner dans la forêt (Robin Des Bois) puis à la baille (Waterworld), Kevin Reynolds a fait un bon film, La Bête de Guerre. Interprété par les très beaux Jason Patric, Steven Bauer et Kabir Bedi (Sandokaaaan for ever !!!), ce plaidoyer contre la barbarie militaire mérite une place entre le premier Rambo et... un autre film !
C'est un vrai film de monstres. En pleine guerre d'Afghanistan, une colonne de tanks russes attaque un village et en massacre les habitants, dont le khan. Poursuivant leur route, les chars égarent l'un des leurs, et c'est cette Bête que vont prendre en chasse pour se venger les survivants du village, emmenés par le nouveau khan, un chef de guerre meurtri et traditionaliste.
Sensible et hyper efficace, sinon brillant, le film de Kevin Reynolds n'est sûrement pas l'œuvre de propagande antirouge qu'il menace d'être à sa sortie en 1988. Sans analyser la guerre dans ses causes, il ne s'attache qu'à ses conséquences, prenant sans faiblir le parti de ceux qui ne se battent qu'avec des cailloux, flirtant même avec la métaphore biblique (David contre Goliath) sans se couvrir de ridicule.
Vingt ans plus tard, impossible de ne pas surimpressionner aux déserts afghans les sables irakiens, impossible de ne pas songer aux agissements des troupes impérialistes U.S dans l'ancienne Perse, et impossible de ne pas voir en cette Bête de Guerre un oracle déprimant, énième déclinaison de la même évidence en forme de prophétie terrible: rien ne justifie le massacre d'innocents, ceux qui de leurs bêtes de métal écrasent plus faibles qu'eux seront toujours les monstres, les sauvages, les nazis.